L’impact des violences dans l’enfance sur la santé mentale des adultes au travail

Un enjeu silencieux mais majeur

En France, selon l'enquête Violences et rapports de genre (Virage) de l’INED, un adulte sur cinq déclare avoir été victime de violences dans son enfance. Qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles ou de négligence, ces violences laissent des traces profondes qui réapparaissent bien souvent dans la sphère professionnelle. Loin d’être un simple souvenir douloureux, elles influencent directement la santé mentale, les relations interpersonnelles, et les capacités d’adaptation au stress dans le monde du travail.

Des conséquences cliniquement établies

Les travaux menés par la Harvard University ou encore le CDC-Kaiser Permanente Adverse Childhood Experiences Study (Étude ACEs) ont montré que les adultes ayant subi des violences dans l’enfance présentent un risque accru de :

  • troubles anxieux et dépressifs (jusqu’à 4 fois plus élevé),
  • burn-out professionnel,
  • difficultés relationnelles avec la hiérarchie ou les collègues,
  • baisse d’estime de soi et sentiment d’illégitimité,
  • comportements d’évitement ou de sabotage inconscient (peur du succès, procrastination chronique…).
Ces effets sont souvent invisibles aux yeux des collègues ou interprétés à tort comme de la paresse, un mauvais caractère ou un manque d’implication.

Un impact économique sous-estimé

Selon l’OMS, le coût global des troubles mentaux liés à des traumatismes précoces se compte en milliards d’euros par an en pertes de productivité. En entreprise, cela se traduit par de l’absentéisme, du présentéisme inefficace, une mauvaise ambiance de travail et un turnover élevé. Pourtant, peu d’organisations ont encore intégré la dimension traumatique dans leur politique de santé mentale au travail.

Écoutez l'épisode de Judith Trinquart, médecin.

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💡 Vers une culture de l’accompagnement et de la formation

Reconnaître le lien entre traumatismes infantiles et difficultés professionnelles ne relève ni de la psychologie de comptoir, ni d’un excès de compassion. C’est une démarche pragmatique et humaine. Les entreprises ont un rôle à jouer :

  • En formant les managers et RH à la reconnaissance des signes de souffrance psychique,
  • En proposant des espaces sécurisés d’expression et d’écoute, avec des intervenants extérieurs compétents,
  • En facilitant l’accès à des dispositifs d’accompagnement psychologique ou thérapeutique.

Mais aussi, en valorisant une culture bienveillante, exempte de jugement, où chacun est reconnu au-delà de ses blessures.

👐 Conclusion : sortir du silence pour évoluer ensemble

Les adultes ayant subi des violences dans l’enfance n’ont pas besoin de pitié, mais de compréhension, d’outils et d’un cadre professionnel respectueux. C’est en accompagnant ces personnes avec intelligence et humanité, et en formant leur entourage professionnel, que l’on pourra transformer les lieux de travail en espaces de résilience et d’épanouissement.

👉 Un collaborateur blessé n’est pas un collaborateur fragile. C’est un être humain en chemin, qui peut devenir un pilier… si on l’y aide.

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